L'école Ange et la coopération

Publié le: 5 septembre 2023

À l’école Freinet, on apprend à coopérer dès le premier jour

Le quartier Malakoff abrite la seule école publique alternative de Nantes pratiquant la pédagogie Freinet, basée sur l’autonomie et la coopération des élèves. Ce lundi 4 septembre, 114 élèves ont fait leur rentrée, répartis en cinq classes.

Devant le portail, rien ne distingue l’école Freinet Ange-Guépin des autres écoles. Le même stress et la même excitation animent les 114 enfants qui font leur rentrée, ce lundi matin, dans cet établissement public du quartier Malakoff, à Nantes. Cette année, ils sont répartis dans cinq classes : deux CM1-CM2 et trois CP-CE1-CE2.

Ange Guépin - Devant le portail

Des cycles mélangés qui favorisent la coopération et le collectif, base de la pédagogie Freinet pratiquée ici. « Le tutorat est très important, l’enseignant n’est pas le seul référent, précise Emma, enseignante en CP-CE1-CE2. Les élèves des niveaux supérieurs aident les plus petits. » Et ça commence dès le jour de la rentrée.

Entrés les premiers, les CP ont caché des mots et des lettres dans la classe. Rejoints par les CE1 et CE2, ils sont répartis par groupes à la recherche des phrases mystères. La coopération est immédiate. Le décodage un peu plus long mais efficace : les petits déchiffrent les lettres, les grands, les phrases. « Ce sont les activités que nous allons faire dans les semaines à venir », glisse Reno, professeur à l’école depuis quinze ans.

Ange Guépin - Les CP ont caché des mots

Exercice pratique immédiat : s’occuper des poules. La classe sort dans la cour en silence pour ne pas gêner les autres élèves et rejoint le poulailler, au fond de la cour. Les CP découvrent les volatiles, les grands jouent les habitués. Ensemble, ils distribuent nourriture et eau.

Ange Guépin - Le poulailler

La récréation a sonné. Dans deux jours, elle ne se limitera plus à la cour, les élèves pourront rentrer dans l’école s’ils le souhaitent. Un accès aux locaux qui leur sera retiré temporairement s’ils ne respectent pas les règles. « La pédagogie Freinet donne toute sa place à l’enfant, qui peut s’exprimer, donner son avis, débattre, précise Emma. Mais cela ne signifie pas familiarité avec l’adulte ou conflit. La pédagogie Freinet est bourrée de règles ».

C’est ce qui a convaincu le papa de Romi d’inscrire sa fille de cinq ans en CP dans cette école publique, ouverte aux enfants de toute la métropole. « Son grand frère y est passé, on était convaincu, dit-il. Il y a une façon différente d’inscrire l’enfant dans l’école, quelque chose de plus cohérent entre la vie de l’enfant et la vie de l’école. »

La matinée file presque aussi vite qu’un dernier jour de vacances. Les CP ont appris les messages clairs, qui encouragent les enfants à régler leurs petits différends entre eux avant de faire appel à un médiateur ou un adulte. Les CE1 et CE2 ont déjà noirci des pages pour raconter leurs vacances. « On a l’impression de ne pas avoir eu le temps de faire grand-chose mais on a fait énormément », sourit Emma.

Stephanie Bazylak

Article publié dans Ouest France le 4 septembre 2023 et repris sur notre blog avec l'autorisation de la journaliste
REPORTAGE. À l’école Freinet, on apprend à coopérer dès le premier jour